Présentation

Filmer le Massif central. De la montagne aux Hommes

Les terrains de recherche de M. Martin de la Soudière et de M. Michel Streith les ont amenés à découvrir et à recenser, au fil des rencontres avec des réalisateurs ou des villageois, de nombreux films documentaires réalisés sur le Massif central. Une intention est née entre eux, puis nourrie, qui les fédère et les motive : penser et organiser une manifestation permettant de mettre en valeur ce patrimoine méconnu.

Cette année, nous avons avons décidé d'organiser des séances au plus près des lieux de tournage, nous serons le vendredi 11 octobre 2019 en Haute-Loire (Les Estables) et le dimanche 13 octobre 2019 en Lozère (Ventalon-en-Cévennes). Ces séances s'adressent à la fois : 

  • à des chercheurs ou enseignants concernés à un titre ou à un autre par le développement local,
  • à des élus,
  • à des responsables du monde associatif,
  • enfin, à un public plus large. Concernant ce dernier, on sait en effet que l’objet film est toujours à même d’attirer, et de faire venir, un public généralement rebuté par des conférences de type universitaire portant sur des problématiques très proches. Avec succès, par exemple en Lozère, plusieurs d’entre nous ont d’ailleurs fait l’expérience de ce type de projection proposée dans de très petites communes rurales.

D’un mot, disons d’abord qu’il ne s’agira pas de faire dans le régionalisme, encore moins dans le traditionnel. Mais, au contraire, à partir d’exemples issus des territoires du Massif Central, d’exemplariser des problématiques, des questionnements communs à toutes les campagnes et les montagnes. Donc pas un éloge, encore moins une célébration d’une quelconque singularité auvergnate, limousine, etc.

Il n’empêche qu’un film documentaire, par les images du local qui s’imposent au spectateur, par les plans qui se succèdent, la force d’un récit, par les figures singulières, enfin par les paysages, rapproche toujours le spectateur des lieux filmés et des pratiques du territoire et les lui rend presque familiers. Pour partie, en même temps que de processus plus englobants, les images de chaque région filmée (plus qu’un simple décor) parlent toujours aussi d’elles-mêmes et de leurs singularités. À l’image, jamais le Forez ne sera le Millevaches, etc.

À partir des films que nous connaissons déjà, quelques-uns des axes thématiques qui présideront au choix des œuvres peuvent être ici, provisoirement, esquissés :

  • les lieux et les paysages
  • l’habiter
  • les pratiques des habitants agriculteurs, bergers, ou non
  • les façons d’occuper l’espace, de prendre soin et de manifester un souci des lieux (villages, terroirs, forêts, rivières…) ou une crainte de l’environnement (l’hiver et la neige).       

Une autre manière de « défendre » notre projet est de le relier au devenir des petites régions du Massif central, question largement d’actualité, plus encore qu’hier. Celui-ci, d’ailleurs, jadis baptisé Plateau central par les géographes, a toujours peiné à être identifié et reconnu comme tel (au profit de l’Auvergne, du Limousin, de la Lozère, etc.). C’est donc une réhabilitation de ce grand ensemble spatial, mal défini et peu lisible, qui nous guidera et pour laquelle nous oeuvrons déjà, chacun dans notre domaine et chacun avec nos propres outils. Défense, donc, des plus petits territoires ruraux souvent économiquement marginalisés, socialement sous-estimés, politiquement relégués, voire abandonnés (pensons aux lignes secondaires de chemin de fer). Pourtant certains d’entre eux, et là nous pensons au Millevaches par exemple, ont su redresser la tête et se positionner positivement grâce et à travers des réseaux alternatifs concernés aussi bien par l’agriculture bio ou paysanne, la convivialité retrouvée dans les bistrots et la lutte militante.

À partir des films présentés, il s’agira, entre autres, de mettre en évidence des expérimentations sociales, des perceptions de la ruralité, des reformulations individuelles ou collectives d’attendus économiques. Ces processus passées et présents seront discutés lors de débats et d’échanges entre les réalisateurs et le public. Au-delà des multiples reconfigurations administratives qui jalonnent ce massif depuis des décennies, le patrimoine cinématographique attaché à cet espace guidera notre réflexion sur la pertinence de l’entité Massif Central pour comprendre des dynamiques sociales et spatiales de nos sociétés contemporaines.

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